jeudi 25 décembre 2008

Perte

Le soir, après la bataille, tomba en lui le secret du silence, et telle une statue de pierre, il resta cloué au sol, se prosternant devant le feu ardent qui abritait ses entrailles. C'était le geste de la grande humilité qui le rendait ainsi proche de ses semblables. Seulement, plus froide fut la nuit ce soir-là, plus esseulée aussi.

À mesure que la lune sillonnait le ciel, en lui grandissait un volcan ronflant le souffle impétueux de la vengeance. Il ne comprenait pas l'horrible insolence du trépas, d'oser embrasser Patrocle et l'amener à jamais.

mardi 2 décembre 2008

Le pitch de ma vie


- C'est quoi ton histoire? Aller raconte. Vois-tu, comme jadis, lorsque tu demandais à ces scénaristes le pitch de leur histoire.
- Cela me semble compliqué, difficile même. Comment contenir toute une vie dans quelques phrases ?
- Il s'agit de cela justement. Décanter, épurer, distiller le cours de ta vie jusqu'à la première goutte.
- Un homme, la trentaine passée, s'obstine à remplir des pages pour se vider. S'obstine à soulager les démons des autres pour s'approcher du sien. S'obstine à comprendre...à comprendre même le vide qui se fait entre deux mots. Et parfois, vois-tu, parfois il s'en moque complètement.

mardi 25 novembre 2008

De vouloir écrire, je ne trouve que l'absence des mots, que l'errance de mes pensées. Un vide sec. Étouffant.
Je cherche à rejoindre mon île perdue. La blancheur du sable, celle qui me rejoint. Le calme tout d'un coup. La présence qui se fait éternité. Et l'éternité est sans paroles. Aucunes.

jeudi 20 novembre 2008

Il a dit, tu es beau incroyablement. J'ai pensé: tu veux dire que je ne ferme pas ma grande gueule. Je parle de ces frontières entre le désir charnel et les paroles enrobées d'amour.

Je n'ai pas peur, tu vois, de me retrouver tout seul;
Je n'ai pas peur;
Je sais, l'enjeu est l'esclave charnel,
Je sais l'incessante perte, regarde, le voilà mon linceul.

Il a dit d'un geste sur mes fesses, sur la piste de danse, je te désire. J'ai pensé: Je ne m'égare pas jusqu'à la soif. L'eau s'offre au monde même d'une roche.

Me tueras-tu?
De la naissance de ta barbe.
Pour être là, j'ai tué un amant.
Me tueras-tu?

Que de temps il a fallut!
Que de temps, à cet amant
Que de temps à cet amant,
Maintenant je l'interdis pour un autre.

Il a dit des choses....
J'ai pensé à l'angoisse de la séparation, celle qui conduit jusqu'à la violence. Jusqu'à la mort.

jeudi 6 novembre 2008

Ce ci n'est pas une pub pour Ébène

Cet Hiver, j'ai décidé que ça soit Ébène. Et comme c'est marqué sur la bouteille:
Le bois l'emporte sur le vent
Le temps l'emporte sur le destin
L'élégance l'importe sur l'indifférence
Si déterminé, si passionné
Je suis né en hiver, avec un cœur d'été. C'est ainsi que les saisons de l'écriture se sont trouvées à la dérive de l'incompréhension, presque dans une genèse sans lieu.

jeudi 16 octobre 2008

Attendre

Voilà que ce soir ma plume, poussière de la pensé, s'amuse à exiler l'esprit jusqu'à toi. La présence de l'absent. Voilà que, OH... muse, parler de toi, c'est comme attarder le vent de désert. Comme vouloir, vouloir et mourir, mourir d'attendre, mourir, attendre, rêver, vivre, presque vire, vivre, vivre, vivre.
ô âme! dis-moi ce que tu es venue faire dans mon corps,
dis, puisque tu dois enfin le quitter un jour?

samedi 11 octobre 2008

Dans les rues d'Erevan

Alain au téléphone me demande la permission de lire mon livre, la valse de l'amour et de la guerre, dans les rues d'Erevan.
Surpris, content, un peu perplexe, j'ai accepté.
Je n'ai jamais pensé un tel destin à ce texte, un tel vagabondage, une telle errance.

Puis, je me suis demandé quel passage va-t-il choisir ?

Dans ma mémoire il y a ces mots, ce passage :

" ... Tu ne réponds pas. Tu me prends, comme si les derniers mots échappés de nos lèvres étaient les premières gouttes d'une tempête d'excitation. J'essaye de me rappeler tes paroles pour découvrir laquelle d'entre elles, était le déclencheur de ton ardeur. J'essaye de me rappeler, tandis que tes mains violent mon corps et assassinent sur leurs passages les derniers souvenirs de nos ébats amoureux, pour en construire d'autres. Et comme il m'arrive toujours depuis la première fois, je m'abandonne à ta tornade affamée. Je te laisse brusquer mon corps dans une soumission complète. Je me laisse envahir par ta virilité colérique, je me perds tandis que tu te dissous en moi.
Et de mes cendres, je me réveille ardent pour t'enflammer encore. Je te surprends dans cet état d'envahisseur. Je te sens en moi. Je me rebelle, je me révolte contre cette présence, je dénonce les portes qui t'ont laissé entrer. Je prépare une contre-attaque, au moment où tu te crois vainqueur, au moment de ta victoire essoufflée. Je me relève de ma soumission comme un lion qui se réveille. Et je piétine ton corps pour te faire subir le même sort.
Nous voilà, vaincus et vainqueurs en même temps. Nous voilà deux soldats épuisés par le champ de bataille.
Pendant la guerre, l'acte amoureux devient acquisition et rébellion; le corps devient un territoire
de lutte. "


 
compteur pour blog