lundi 23 mars 2009

Épier le passé


Elle a dit: "Nous nous sommes séparés, depuis 6 ans."
Et tu as pensé, que toi aussi, tu as quitté cet homme depuis 6 ans. Un soir, dans sa chambre qui donnait sur le méditerranée, le cœur plein d'eau, ton chandail portait sauvagement l'odeur de sa peau, et tes sentiments furent alors bousculés par son silence brûlant.

Elle a dit:" C'est bizarre quand même. Toi qui disparais comme ça, sans prévenir, et lui qui devient quelqu'un d'autre. C'était une année maudite."
Et tu as pensé que toi aussi tu es devenu quelqu'un d'autre sans lui. Tu n'avais pas le choix. Certes, tu as pensé à boire la ciguë de Socrate, et incarner l'ordre éternel de l'être fragile. Partir. Partir comme Molière jouant sa dernière pièce, comme un jour qui lance un regard de crépuscule avant de céder la place. Mais, tu voulais croire, croire encore, croire toujours à ce qui se produit sur la feuille. Entre toi et la feuille, uniquement, dans le moment de l'écrit. Le seul moment de confiance, de relâche, d'abandon.

Elle a dit avant de te quitter:" C'est drôle, parfois il m'arrive de penser que nous étions un couple nous trois."
Et tu as dit que oui, que toi aussi il t'arrive de penser à cela.

3 commentaires:

[Nicolas] a dit…

Le "choix" nous l'avons toujours. Ce sont parfois des choix qui ne nous plaisent pas, mais ce sont des choix quand même.

Chiron a dit…

Oui Nicolas, tu as raison. Nous avons le choix entre rester ou partir... Et il arrive que nous choisissons de partir, ou de ne pas choisir du tout.

Roumi a dit…

J'épie le passé épique... Je me pique... assez de cette époque ! :)

Passé si complexe... au coeur de ma vie - normal pour un historien - mais aussi lointain quand il s'agit de me situer dans le temps. J'ai été longtemps happé par le passé et m'en suis plus ou moins libéré car on en dépend souvent un peu trop.

Il y a ceux qui partent... ceux qui ne choisissent pas... et aussi, n'oublions pas, ceux qui décident de rester ! Je suis plutôt de cette troisième espèce et ce n'est pas évident du tout... on est prêt à défier les pires épreuves mais à la moindre petite difficulté, on se retrouve déjà souvent bien seul !

Le silence est brûlant en effet ; je connais bien cela aussi... mais je me demande parfois s'il ne vaut mieux pas un silence plutôt que des paroles stupides, ces sortes de gesticulations orales sans âme dont on nous gratifie assez régulièrement ; on croit les avoir déjà entendu cent fois auparavant ces paroles et, en vérité, elles ne disent souvent rien sinon la bêtise de certains humains !

 
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